Mise en page d'un livre : principes généraux, partie II
Rentrons maintenant un peu plus dans le détail et
donc, dans les petits plus qui vous démarqueront des autres. Ce sont
sur ces critères que l’on reconnaitra le plus un livre
véritablement travaillé du point de vue de la forme, car ce sont
ces éléments qui sont souvent oubliés.
1. Les majuscules accentuées
Du temps de la machine à écrire, l’absence
d’accent était acceptée car c’était impossible à faire.
Aujourd’hui, nous n’avons plus d’excuse. Sur Mac, passez votre
clavier en « français » et non « français
numérique ». La touche Caps Lock verrouillée, il ne vous
reste plus qu’à taper votre lettre. Sous windows par contre, pas
de méthode simple d’office. Il faut passer par les Alt Codes ou
aller les chercher dans les caractères spéciaux. Cependant, un
petit add-on existe pour obtenir les accents de la même façon que
sur mac (avec la touche Caps Lock verrouillée). :
http://soft.translator.free.fr/clavier_fr_esp_maj.htm.
Vous pouvez également installer le clavier MAEL :
2. Attention aux espaces surnuméraires
Par cela j’entends les doubles espaces entre les
mots, ou encore les espaces oubliées en début et fin de
paragraphe. Ça n’a l’air de rien, mais elles peuvent jouer sur
la qualité de votre mise en page, notamment en décalant un titre
qui doit être centré, ou encore en modifiant la justification de
votre texte.
Ne pas oublier aussi qu’une espace (en
typographie, le mot espace est féminin) est un caractère. Si vous
écrivez des nouvelles pour des appels à texte courts par exemple,
tout caractère gagné est bon à prendre.
Pour bien se rendre compte de ce genre d’oubli,
activez les caractères non imprimables (¶).
Les espaces sont représentées par un point. C’est aussi un
excellent réflexe pour s’assurer que vous avez effectué une mise
en page propre du point de vue du code (pas de paragraphe inutile,
pas d’espace superflue, des sauts de page bien placés, etc.)
3. Les guillemets français, en chevron
Généralement, les logiciels de traitement de
texte font le changement d’office. Si ce n’est pas le cas,
modifiez ce paramètre dans les options de correction automatique. Le
seul cas où l’on utilise des guillemets doubles anglais (“”)
est lors d’une citation à l’intérieur d’un passage déjà
entre guillemets.
Les guillemets droits dactylographiques sont à
proscrire. Ils ne s’utilisent que pour écrire les secondes ou les
primes.
4. Les apostrophes courbes
Attention aux
apostrophes dactylographiques, droites.
Comme précédemment, vérifiez que
les apostrophes
courbes sont activées
dans les options de correction automatique.
5. Les ligatures : æ et œ.
Sous Mac, un simple
Alt+a ou Alt+o suffit. Ajoutez la touche Maj enfoncée pour les avoir
en majuscule.
Sous Windows, il
faut faire appel aux Alt
Codes, ou si vous êtes sous
Word, la combinaison de touche Alt Gr+a ou o. Associez la touche Maj
pour avoir la majuscule. Sinon,
vous pouvez également
installer
le clavier MAEL :
6. Les règles de ponctuation et les espaces insécables.
Les signes de
ponctuation suivent des
règles concernant l’encadrement ou non par des espaces.
Cela, vous le savez sans doute déjà. Mais il y a 3 types
d’espaces :
justifiante, insécable et fine. Que
sont ces noms barbares ?
L’espace justifiante
est une espace qui variera en taille si vous justifiez votre texte,
afin que les mots s’alignent sur les marges gauche et droite. C’est
l’espace que vous obtenez naturellement en tapant sur la barre
ad-hoc de votre clavier.
L’espace insécable
restera solidaire des caractères qui l’entourent. Ainsi, vous
n’aurez pas un point d’interrogation seul en début de ligne par
exemple. Elle se caractérise
par un rectangle grisé sous
LibreOffice et OpenOffice. Microsoft Word ne signale pas la présence
de cette espace. Vous ne pourrez la différencier qu’en affichant
les caractères non imprimables. Elle est alors visualisée sous la
forme °.
Elle s’obtient
sous Windows dans les
logiciels de traitement de texte pré-cités, par
la combinaison Ctrl+Maj+Espace. Sous
Mac, utilisez la combinaison
de touche Alt+Espace.
Quant à
l’espace fine (qui
est généralement
insécable), elle est d’une
taille plus réduite que l’espace standard (elle
mesure un quart de cadratin). Elle
est malheureusement difficile à mettre en œuvre. Seuls les
logiciels de PAO
professionnels permettent d’en faire usage sans trop de difficulté.
Par conséquent, en France, il est toléré de remplacer
l’espace fine par une espace insécable.
Pour vous y retrouver, voici un petit tableau qui reprend les règles typographiques Françaises en fonction des signes de ponctuation.
Espace avant
|
Signes
|
Espace après
|
---|---|---|
aucune
|
. ,
|
justifiante
|
insécable
|
:
|
justifiante
|
fine insécable
|
; ! ?
|
justifiante
|
justifiante
|
«
|
insécable
|
insécable
|
»
|
justifiante
|
justifiante
|
( et [
|
aucune
|
aucune
|
) et ]
|
justifiante
|
aucune
|
-
|
aucune
|
7. L’écriture des chiffres
Les chiffres
s’écrivent en toutes lettres. En France, on préconise même
d’écrire les nombres en lettres jusqu’à seize inclus. De même
pour les nombres en début de phrase, ceux qui expriment une durée,
les périodes historiques et les décennies (Dix-huit personnes sont
dans la salle 24 depuis plus de trois heures, ils parlent histoire,
de la guerre de Cent ans aux années quatre-vingt).
Les chiffres peuvent s’écrire en chiffres arabes s’ils font partie d’une énumération comportant au moins un nombre désignant la même unité de mesure (dans le champ, on trouve 2 veaux, 3 poules et 17 vaches).
Les nombres qui renvoient à un numéro d’ordre (ticket, matricule, date, adresse, article de loi, etc.) s’écrivent sans espaces.
Les nombres composés de plus de quatre chiffres comportent une espace insécable à chaque millier (24 340 782 habitants).
Les siècles
s’écrivent en chiffres romains et petites capitales : (xxie
siècle).
Les chiffres associés à un symbole sont séparés dudit symbole par une espace insécable (15 h 30, 18 °C, 70 kg, 49 %, 37 €, 130 km/h, etc.).
Million, milliard et plus, s’écrivent en toutes lettres pour éviter la surcharge dans le texte. Ils s’accordent au pluriel. Pour les chiffres avec décimales, le pluriel est de mise si le chiffre avant la virgule est supérieur à un (deux milliards, 15 millions, 2,2 milliards, mais 1,8 million).
Les devises s’écrivent en toutes lettres si le nombre associé est en lettres, et peut être écrit avec son symbole si le nombre est en chiffres arabes (quinze dollars, 8 euros ou 8 €).
On écrit en chiffres romains : les siècles, les millénaires, les dynasties, les rangs des souverains (Élisabeth II), les régimes politiques (la Ve république), les divisions d’un ouvrage ou d’une pièce de théâtre (acte IV), les numéros d’ordre de manifestations (les XXVe jeux Olympiques).
8. Les abréviations
Les abréviations sont
suivies d’un point, sauf pour les unités de mesures (cm, dl, etc.)
ou celles construites avec la dernière lettre du mot (bd pour
boulevard).
Les points cardinaux s’abrègent avec leur initiale en majuscule (mais s’écrivent en entier en minuscules).
Les titres de personnes s’écrivent comme suit :
-
M. pour Monsieur (et non Mr),
-
Mme pour Madame,
-
Mlle pour Mademoiselle (et non Melle),
-
Dr pour Docteur,
-
Pr pour Professeur,
-
Me pour Maitre.
L’exposant
n’est pas obligatoire (on peut écrire Mme, Mlle, Dr, Pr et Me),
mais reste à privilégier. Au
pluriel, on ajoute un s à l’exposant, sauf pour Messieurs qui
s’écrira MM.
L’abréviation « etc. » est suivie d’un point et non de trois points de suspension.
Les sigles ne présentent jamais d’accent (L’acronyme de l’École Nationale d’Administration est l’ENA).
Les sigles
s’écrivent en majuscules, mais l’usage est d’écrire seulement
la 1re
lettre en majuscule pour ceux qui peuvent se prononcer comme un mot
et font plus de trois lettres : « Unesco », mais
« ONU » (trois lettres seulement), et « CNRS »
(car doit s’épeler). Dans tous les cas, la tendance actuelle est
de ne pas utiliser de point après chaque lettre : « CNRS »
et non « C.N.R.S. ».
9. Les dialogues
Les dialogues doivent se comporter comme n’importe
quel paragraphe, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas séparés du
reste du texte par une ligne blanche, et chaque début de réplique
s’aligne sur l’alinéa (et non la marge).
Les tirets de dialogue sont des tirets spécifiques. Vous ne devez utiliser ni l’underscore ni le trait d’union ou le signe moins du pavé numérique, et pas non plus le demi-cadratin qui est réservé aux énumérations et aux incises. Vous devez vous servir du tiret cadratin, un tiret long spécifique aux dialogues : —. Il est suivi d’une espace.
Sous Windows, il faut utiliser la combinaison de
touche Alt+Ctrl+ le signe « - » du pavé numérique. Si
vous êtes sur portable, le plus simple est de créer votre propre
combinaison via les outils d’autocorrection de votre logiciel (3
appuis sur la touche « – » par exemple). Sous Mac, il
suffit de faire la combinaison « Alt - ». L’important
est de trouver une méthode simple et facile d’accès, car vous
devrez l’utiliser souvent.
Les incises ne sont jamais introduites par une majuscule. Pour cette raison, je vous déconseille d’activer la fonction de majuscule automatique en début de phrase de votre logiciel, sous peine d’erreurs typographiques dans vos dialogues.
Enfin, il existe deux méthodes reconnues pour
écrire les dialogues : la méthode traditionnelle avec
guillemets et la méthode moderne avec uniquement des tirets. Cette
dernière est aujourd’hui la plus utilisée, car elle est moins
complexe. Nous allons voir pourquoi.
Dans la méthode moderne, c’est simple :
chaque réplique débute par un tiret cadratin.
— Bonjour Roger, dit Anna.
— Salut grande sœur, répondit Roger en se frottant les yeux.
— Dépêche-toi de t’habiller, on va être en retard.
Dans la méthode avec guillemets, la première réplique s’ouvre avec des guillemets. Les répliques suivantes s’ouvrent avec des tirets. Les guillemets sont refermés à la fin de la dernière réplique.
« Bonjour Roger, dit Anna.
— Salut grande sœur, répondit Roger en se frottant les yeux.
— Dépêche-toi de t’habiller, on va être en retard. »
Jusque-là, ça va. Mais, si une incise longue
vient couper le dialogue ou le conclut, elle est exclue des
guillemets. De même si une phrase de narration s’intercale dans le
dialogue.
« Bonjour Roger », dit Anna, déjà ailleurs en pensant à la longue journée qui l’attendait. « Bien dormi ?
— Salut grande sœur, répondit Roger en se frottant les yeux. » Il s’ébouriffa les cheveux et bailla. « Dépêche-toi de t’habiller, on va être en retard », s’inquiéta la jeune fille en regardant sa montre.
Par contre, si l’incise qui conclue le dialogue
est courte, elle est placée à l’intérieur des guillemets.
« Bonjour Roger, dit Anna.
— Salut grande sœur, répondit Roger en se frottant les yeux.
— Dépêche-toi de t’habiller. On va être en retard, dit-elle. »
Vous aurez peut-être remarqué que le dernier
signe de ponctuation se trouve à l’intérieur des guillemets, mais
la virgule précédant une incise est à l’extérieur des
guillemets. Si un signe de ponctuation conclue la réplique (point
d’exclamation ou d’interrogation), on ne rajoute pas de virgule
avant l’incise. Et si la réplique est une citation, le point sera
à l’extérieur des guillemets.
Enfin, si une phrase avec verbe introducteur
précède le dialogue, elle se terminera par « : ».
Vous suivez toujours ?
« Bonjour Roger », dit Anna, déjà ailleurs en pensant à la longue journée qui l’attendait. « Bien dormi ?
— Salut grande sœur, répondit Roger en se frottant les yeux.
— Dépêche-toi de t’habiller, on va être en retard ! » s’inquiéta la jeune fille.
Le garçonnet repartit en marmonnant « toujours en train de râler ! ».
Anna, qui l’avait entendu, lui cria :
« Et pas de commentaire, je te prie. »
Si un monologue comporte plusieurs paragraphes, il
est d’usage de débuter chaque paragraphe par un guillemet
(anciennement fermant, mais aujourd’hui le guillemet ouvrant est
toléré car plus logique pour nos habitudes), afin de signaler au
lecteur que l’on se trouve toujours dans une réplique d’un
personnage et non dans de la narration. Ceci est également valable
pour la méthode de dialogue sans guillemets.
À vous de choisir ce qui vous séduit le plus
entre la méthode avec guillemets, ou celle exclusivement avec
tirets. La première à sans doute plus de charme mais est aussi
beaucoup plus complexe à mettre en place. Dans tous les cas, une
fois la façon de faire déterminée, vous devrez l’utiliser d’un
bout à l’autre de votre livre.
10. À retenir
Voici un petit tableau récapitulatif des Alt
Codes Windows les plus fréquents (pour obtenir le caractère voulu,
maintenez la touche Alt enfoncée et tapez les chiffres suivants sur
le pavé numérique. Si vous êtes sur ordinateur portable sans pavé
numérique, ajoutez la touche Fn à votre combinaison (Fn et Alt
enfoncées, tapez votre chiffre). Si ça ne fonctionne pas non plus,
vous pouvez toujours faire appel à la table des caractères,
disponible dans Windows : Programmes > Accessoires >
Outils système.
É
|
144
|
È
|
212
|
Ê
|
0202
|
Ç
|
128
|
À
|
183
|
Ù
|
235
|
Ô
|
226
|
Œ
|
0140
|
Æ
|
146
|
æ
|
145
|
œ
|
0156
|
©
|
184
|
®
|
169
|
†
|
0134
|
…
|
0133
|
«
|
0171
|
»
|
0187
|
“
|
0147
|
”
|
0148
|
espace insécable
|
255
|
espace fine
|
+202F
|
Coucou, super intéressant et instructif ton article. Certains points figuraient dans le livre de typo dont je me sers pour écrire mais pas le récapitulatifs des codes juste à la fin de ton article. Il faut que je me le note et que je le rajoute. Le plus de ton article par rapport à mon livre de règles de typo c'est qu'il est concis, facile à comprendre et qu'on trouve rapidement la réponse dont on a besoin. Il faut que je lise les autres articles sur le sujet si tu en as publié d'autres.
RépondreSupprimerbises :)
Merci pour ton commentaire encourageant et contente que mon petit tableau d'Alt codes puisse t'aider !
SupprimerEt s'il manque certaines choses, n'hésite pas à me le signaler :-)